S’inspirer des séries pour créer une formation multimodale

Stéphanie/ July 20, 2020/ design pédagogique, storytelling, tips/ 0 comments

Quand vous créez un parcours de formation, en ligne ou en présentiel, votre premier défi est de parvenir à fixer l’attention, donner envie, accrocher l’apprenant et le faire revenir le lendemain.

Qui sait faire cela mieux que personne ?

🕶Les scénaristes de séries, bien sûr !

👉La réussite d’une série est très liée à cette notion d’attention, d’accroches, de rebondissements. Nous baignons dans cette culture d’histoires, de contes : aujourd’hui les séries télé, hier les feuilletons radiophoniques ou journalistiques. Les histoires font parties de notre ADN.

Et pourtant, nous n’utilisons pas assez les trames narratives dans nos formations.

Safe ou le principe du whodunit  

Safe est une série de 8 épisodes, écrite par Harlan Coben.

Le principe retenu est celui du whodunit, une contraction de « Who [has] done it ? » littéralement : « qui l’a fait ? ». C’est une intrigue qui s’articule autour de la disparition et du meurtre d’une personne lors d’un évènement précis. Dans le cas de Safe, il s’agit d’une soirée au cours de laquelle un personnage meurt et un autre disparait. Chaque épisode reprend avec une scène différente de cette fameuse soirée.

Les épisodes vont se dérouler autour de la recherche lancée par le père de la jeune fille disparue et l’enquête de police. On découvre alors un petit monde vivant en vase clos, des intrigues, des vieux secrets…

La série n’est pas exceptionnelle, mais elle est efficace.

Pourquoi ?

✅ Parce que chaque épisode fait avancer l’affaire en repartant du moment clé de l’histoire. Le spectateur reste focus sur l’intrigue.

✅ Chaque épisode comporte son lot de révélations et son petit cliffhanger.

✅ Et le final nous laisse sur un sentiment de satisfaction : les problèmes sont résolus, les explications sont données. 

Comment transposer cet exemple dans une formation digitale ou multimodale ?

👀 Point de vigilance : je ne le répèterais jamais assez : l’histoire doit servir votre objectif pédagogique…et c’est tout !

L’objectif pédagogique est votre fil d’ariane. Il ne doit jamais quitter votre esprit.

Vous allez construire une trame qui va servir de levier pour aborder des bonnes pratiques, des changements de comportements. Et pas uniquement pour passer un bon moment et éviter que votre apprenant s’ennuie. Pour le divertissement, laisse tomber dès maintenant : Netflix est plus fort que toi !

Donc…on commence par la mise en place.

La mise en place

Première étape : introduire. Jusqu’ici, rien de neuf !

L’introduction est principalement constituée par la présentation du ou des personnages et de l’incident critique.

L’idée est de choisir un personnage auquel l’apprenant pourra s’identifier. Il peut être intéressant de présenter quelques-unes de ses caractéristiques. Exemple : c’est un nouveau collaborateur, c’est son premier emploi et il n’est pas très sûr de lui…

Il faut également penser à décrire un ou deux autres personnages qui serviront à faire contrepoids en montrant ce qu’il faut faire et/ou ce qu’il ne faut pas faire.  

Vos personnages ne sortent pas de nulle part, ils appartiennent à un environnement. Il faut les présenter dans un cadre.

La spécificité de notre exemple, c’est que le cadre est constitué par l’incident critique.

Voici des exemples d’incident critique (à adapter au contexte évidemment) : un conflit dans une boutique, une intoxication alimentaire dans une crèche, une réunion qui tourne mal, un accident sur un chantier….

L’évènement à choisir doit avoir des conséquences, qui peuvent se matérialiser.

Par exemple : une perte de client important, un dépôt de plainte…Dans la structure classique d’une histoire, c’est ce qu’on appelle l’étape de la complication. Dans notre exemple, cette étape fait partie de la mise en place.

Une variété de médias peut servir à planter le décor : une photographie de l’environnement accompagnée d’une voix off, ou un court clip qui met en scène l’incident critique, un échange de sms qui donne à voir les conséquences de l’action…

Et ensuite… ?

On passe directement à la résolution.

La résolution

👉 La résolution passe par l’exploration des séquences qui ont conduit à l’incident critique. Que s’est-il passé ? Quelle a été la suite des évènements qui ont conduit à cet incident ?  Ce peut être un problème sur la chaîne du froid dans notre exemple sur l’intoxication alimentaire dans une crèche. Ou bien le manque de préparation de la réunion qui a engendré des ambiguïtés et des incompréhensions….

Le principe est d’enquêter sur les événements et d’en tirer des bonnes pratiques.

L’apprenant dispose des conséquences (malheureuses) des actions menées et peut d’autant mieux intégrer ce qu’il convient de faire.

Pour mettre en scène cette étape de résolution, il est possible d’aller au plus simple et décrivant les faits via des médias comme une narration avec une voix off, ou des illustrations qui décrivent les évènements selon une certain chronologie.

Si l’on veut complexifier le dispositif, on peut créer des scénarios de mise en situation du personnage principal : mini scénario ou scénario à embranchement.

Je ne le conseillerais pas dans ce cadre si on débute dans ce type de mise en scène, parce que cela peut rapidement conduire à faire dériver l’histoire de l’objectif pédagogique de départ. 

Et on finit toujours par le climax.

Le climax (ou point culminant)

👉 Il est nécessaire rappeler les liens entre les faits, les mauvaises pratiques et les conséquences.

Et donc de présenter à l’apprenant ce qu’il convient de faire, dans une situation comme celle qui a été présentée.

C’est le moment d’apporter des conseils sous forme de mémo à télécharger par exemple. 

Cette mise en situation peut s’accompagner d’un quiz : on pourrait, par exemple, imaginer un glisser déposer sur une time line.

Introduire une trame narrative dans un scénario pédagogique oblige l’expert de contenu et le concepteur à se défaire de l’habitude de diffuser le contenu de la formation sous forme de bullet points de choses à connaitre, sans mise en scène de la raison pour laquelle ces contenus là sont importants.

Utiliser les ressorts des séries pour créer une formation multimodale favorise un apprentissage plus agréable et plus efficient.

« Je conçois mes séries comme mes romans. Je veux que vous vous couchiez en pensant “je vais lire quelques pages”. En fait, vous vous retrouvez au dernier chapitre ou à l’ultime épisode à 4 heures du matin » Harlan Coben

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